Après la Libération, "les Porte" sont dispersés: certains vont combattre en Maurienne dans les rangs des Chasseurs Alpins, d'autres sont incorporés dans l'armée venue d'Afrique et franchissent le Rhin.
Le Drame du Poursollet (13 Août 1944)
Écoutons encore une fois André Baroz:
Que s'est-il passé le 13 août au Poursollet ? Nos camarades ont raconté:
Comme l'avait dit Porte, le groupe de Charly Vallin, l'intendance et le groupe médical se considéraient comme au repos. Certains faisaient leur toilette, déjeunaient. Deux garçons étaient même allés chercher auprès des habitants, de la farine, du lait et des œufs pour confectionner des crêpes.
Vers dix heures., un avion survole le site. Ce n'est pas la première fois, chacun se réfugie sous les sapins. Tout à coup, des hommes vêtus de l'uniforme des chantiers de jeunesse s'avancent: "qu'ils sont imprudents !"dira un maquisard. Brusquement Jean crie: " Les chleus !" On entend "heil Hitler" et ces hommes tirent. Jean Gilly met le F.M en batterie et riposte, Charly et Jeannot Duby, près de lui tirent aussi. Le F.M se tait, Jean Gilly est tué. Jeannot crie:
"Charly ! replions nous", il croit entendre:" toi d'abord, je te suis !"
Et puis plus rien. Charly est mort. Devant le nombre des ennemis, la plupart des maquisards cherchent leur salut dans la fuite. Georges Armand est mort, son adjoint Pierre Couprie, blessé, réussira avec l'aide d'un camarade à gagner Ornon. Simone Voisin est blessée; un allemand veut l'achever; un médecin dira: "Inutile de gaspiller une balle, elle va mourir!" Simone secourue, sera sauvée. Le médecin Pardé est blessé dans sa fuite; rattrapé, il sera achevé à coup de crosse. Roger Chariglione, grièvement touché au ventre, mourra le lendemain.
La vingtaine de maquisards qui était là n'a rien pu faire face au nombre. L'adjudant Marceau, dans son rapport indique: 600 hommes et 200 mulets bâtés. Les allemands, dans leur folie destructrice, brûleront tous les chalets ( les habitants réussiront à fuir)."
Deux élèves-maîtres originaires de Haute-Savoie qui ont réussi à fuir le Poursollet vont connaître une fin tragique.
Max Robert est arrêté par les allemands à Gavet après avoir rendu visite
à l'institutrice. Durement interrogé, il est conduit au bord de la Romanche:
"Vous êtes un terroriste !" lui crie l'officier allemand
- Je suis un soldat de De Gaulle, répond Max.
- Vous serez fusillé
- Je serai tout de même mort pour la France"
Il est abattu est jeté dans le torrent. L'officier dira plus tard à l'institutrice:
" Nous venons de fusiller un grand français !"
Georges Duffaud a trouvé refuge dans les bois près du hameau des Clots de Rioupéroux. Malgré les mises en garde, il sort de sa cachette et se rend chez une dame qui lui donne du pain. Surpris par une patrouille de la Gestapo, il est conduit à Rioupéroux où il est torturé. Il s'accuse d'avoir volé le pain pour épargner la personne qui le lui avait donné. Ramené vers sa cachette, il est à nouveau torturé. Les allemands lui font creuser sa tombe et l'abattent.
Ces deux garçons sont morts le 19 août 1944 !
Ce jour- là, les américains franchissaient le col de la Croix Haute…
Tous les survivants de la section Porte se retrouvent à Vizille le 24 août après la libération de la ville.
Le 26, sous les ordres de "Briançon", ils partent chercher les corps des victimes du massacre du Poursollet avec un groupe de prisonniers allemands qui portent les cercueils.
"Nous trouverons en plus, raconte André Baroz, le corps du Dr Kaufmann de Valbonnais et celui de Pierre Rimey-Meille de la Mure qui avait été incorporé par Porte à cause de son infirmité (il était unijambiste)."
Le bilan de leur action n'est pas négligeable: le maquis de l'Oisans a permis d'immobiliser la 157 ème division allemande de montagne et le Groupe Mobile n° 3, auquel appartenait la section Porte, a tenu tête à un bataillon de cette unité d'élite. La Résistance a permis aux américains, débarqués le 15 août en Provence, de libérer Grenoble une semaine plus tard, beaucoup plus rapidement que prévu !
Aujourd'hui, les anciens de la section Porte continuent de témoigner pour leur idéal: la lutte contre toute forme de dictature et de racisme. Ils se réunissent tous les ans, le 13 août, au Poursollet pour rendre hommage aux victimes passées et présentes de la barbarie humaine.
Le soir du 12 août, Porte a convoqué tous les chefs de la section à son P.C du Poursollet. La réunion se passe mal car certains veulent quitter le site qu'ils jugent trop dangereux. Finalement ,"Bison" décide de descendre dans la vallée de la Romanche pour trouver un passage vers le Rivier d'Allemont où se trouve Lanvin. Il prend avec lui "les colos" de Lacour. Du groupe des "normalos" de Vallin, qui sont trop fatigués et qui n'ont rien mangé depuis deux jours, seul "Canard" accepte d'accompagner "Bison" par fraternité d'éclaireur.
Le 13 août, à quatre heures du matin, le groupe se met en route et parvient au dessus de Rioupéroux . Contrairement à se que pensait Porte, les allemands sont déjà dans la vallée et aucun passage ne semble possible. Vers dix heures, "Bison" et ses hommes remontent vers le Poursollet. Ils n'en sont plus très loin lorsqu' ils entendent une violente fusillade. Ils rencontrent Mlle Anjo, une de leurs infirmières qui les informe d'une attaque surprise des allemands et les dissuade de rejoindre le lac. "Bison" décide alors d'appliquer les ordres de Lanvin: cacher les armes et se disperser par petits groupes. Par chance, ceux qui étaient descendus dans la nuit du 12 au 13 août ne subiront aucune perte. "Bison" et "Canard" parviennent non sans mal à échapper aux allemands. Ils rejoignent Echirolles, puis Allevard avant de regagner l'Oisans.